Foot 2 rue : goal surprise
Auteur : Michel Leydier
de Claude, Annie, François, Mick et (le chien) Dagobert à Tag, Gabriel, Toni, Tek, No et Eloïse...
Lorsque
l’on travaille en médiathèque on s’imagine prêter des ouvrages que « le
professionnel du livre » a murement acquis pour la haute tenue du fonds
(avec un « s »), la très grande qualité littéraire, le prestige du nom
de l’auteur, la référence bibliographique. Le livre acheté est alors
soigneusement préparé, annoté, chroniqué (sur ce blog) et mis en valeur
sur une étagère, une table de présentation…. Et puis, y reste souvent.
Mais pour autant, des prêts sont heureusement
enregistrés. Penchons nous un peu sur ce qui est « bipé » à l’accueil
de votre médiathèque préférée ….. Et là, le bibliothécaire hurle, crie,
s’horrifie, et maudit le monde ultra commercial de l’édition. Sortent
des rayons des trucs, des machins, d’une pauvreté stylistique rarement
atteinte, des textes écrits sans correction, des aberrations (qui ont
tout de même été hypocritement achetés, c’est toujours bon pour les
statistiques de prêt)… Du moins, c’est ce que l’on pense. A tort ?
Penchons nous encore plus près et prenons un exemple.
Courage, ce n’est juste qu’une lecture, il n’y a aucun risque, mes yeux
ne souffriront pas, mon cerveau (déjà si monopolisé par d’excellentes
et bonnes lectures recommandées, validées labellisées par les
bibliothécaires jeunesse) ne se déconnectera pas, et j’ai une bonne
assurance vie.
Cobaye sélectionné : « Goal surprise » cela ne vous dit
rien, normal… En revanche c’est un titre de la collection (ou série)
Foot 2 rue. Hi hi hi, je m’amuse déjà de descendre en flèche ce méfait
de la littérature jeunesse.
Réflexe et œil d’expert (ne riez pas !) : analyse de la
couverture. Absence d’indication du nom de l’auteur sur la page de
couverture, c’est une novélisation (adaptation d’une BD et d’une série
d’animation). Ça commence bien, honte de l’auteur ? Je me lance.
Caractère gras, phrase courte. Facile. Tiens, en réalité il y a un
auteur, il s’agit de Michel Leydier. Mais je le connais ! Est-ce le
« bon auteur » de romans policiers pour adulte et jeunesse ? Ben oui…
Et ô stupeur (et début de tremblements), il a même été auteur résident
invité dans votre médiathèque adorée en 1999… Je feuillette
frénétiquement et tombe sur un dossier en fin d’ouvrage. J’hallucine
grave (comme le disent les jeunes) un dossier sur la tolérance, le
respect et les valeurs humaines… L’ensemble patronné par un organisme
international. Une sueur perle sur mon front (petit effet de style sans
incidence sur votre lecture), j’attaque la lecture…
…. Que j’achève quelques instants plus tard. SATISFAIT.
Pris en flagrant délit de plaisir. C’est léger, court, simple,
accessible. Les personnages sont attachants et solidaires, l’histoire
tient parfaitement la route, l’humour présent. Et subitement, me
reviennent en mémoire mes propres lectures de jeunesse….
Le temps d’avant, d’autrefois, du siècle dernier. L’époque de la
bibliothèque verte ou rose d’Hachette avec le club des 5, les Six
compagnons… Des histoires d’amis, de bandes, que j’empruntais à ma
bibliothèque quasi rurale sous le regard désapprobateur de la
bibliothécaire qui mésestimait mes choix de lecture.
Retour à Bezons. Octobre 2007. Le pire est à venir… Je
dépose le petit roman sur le bureau, un enfant passe, aperçoit
l’ouvrage vert et me demande s’il peut l’emprunter. Echange,
discussion, dialogue autour de ce livre. Médiation culturelle comme ils
disent dans les colloques. Plaisirs renouvelé avec « Foot 2 rue »,
poursuite de la discussion enchaînement sur une présentation d’un livre
jeunesse de Philippe Delerm (J R DEL) qui s’intitule « en pleine
lucarne » et l’espoir que dans quelques années ce jeune lecteur lira
aussi « le gardien » de Malcolm Peet (R J PEE). Tout ça grâce à un
genre de livres trop souvent zappés, dénigrés, injustement
déconsidérés.
Un peu long ce commentaire. J’abrège. D’autant que je meurs d’envie de savoir si Eloïse et Gap ne vont pas un peu plus se rapprocher dans la suite des aventures des bleus de Riffer. Peut-être que les plus jeunes d’entre vous connaissent déjà la réponse et dans ce cas n’hésitez pas à m’en parler !